Rwanda-Belgique : La décision du gouvernement rwandais de rompre ses relations diplomatiques avec la Belgique en mars 2025 continue de faire des vagues, et cette fois, c’est le secteur éducatif qui en subit les conséquences. Dans une lettre officielle datée du 6 août 2025, le ministère rwandais de l’Éducation ordonne à l’École Belge de Kigali de cesser son programme belge dès la rentrée de septembre. La raison invoquée ? Une stricte application de l’interdiction de coopérer avec des entités belges, comme décrétée par le Gouvernement du Rwanda.
Mais voilà qui soulève une question aussi ironique que pertinente : qui sont réellement les « victimes » de cette mesure ? Les enfants belges expatriés, dont on imagine qu’ils forment le cœur de la clientèle de l’École Belge, ou bien les élèves rwandais, souvent issus de familles aisées, qui fréquentent massivement cet établissement réputé ? Car, soyons honnêtes, dans un pays où l’éducation est un enjeu majeur de développement, priver les élèves locaux d’un programme éducatif de qualité (belge ou non) ressemble davantage à une pénalisation pour le Rwanda qu’à une sanction pour la Belgique.
Le ministère se veut rassurant, offrant son « soutien » pour une transition vers un autre programme. Reste à savoir quel système remplacera le cursus belge – et surtout, s’il parviendra à en égaler la reconnaissance internationale. En attendant, on ne peut s’empêcher de sourire (jaune) en imaginant les parents rwandais, contraints de chercher une alternative à la hâte, se demander si la rupture diplomatique n’est pas, finalement, une petite victoire belge par procuration. Derrière cette décision apparemment administrative se cache un conflit bien plus profond : l’invasion du Rwanda en République démocratique du Congo (RDC), un dossier qui empoisonne depuis des années les relations entre Kigali et Bruxelles.
La Belgique, ancienne puissance coloniale des deux pays, n’a jamais digéré le soutien rwandais aux groupes rebelles dans l’Est congolais, ni les accusations de pillage des ressources naturelles. En réponse, elle a pris des sanctions économiques sévères contre le Rwanda et a activement poussé l’Union européenne à en faire autant. La fermeture du programme belge à l’École de Kigali apparaît ainsi comme une riposte symbolique, une manière pour le Rwanda de montrer qu’il ne pliera pas sous la pression internationale.
Mais à quel prix ? En ciblant un établissement scolaire, Kigali frappe surtout ses propres enfants, privés d’une éducation reconnue, tandis que la Belgique, elle, se contentera de hausser les épaules. Dans cette affaire, la vraie question n’est peut-être pas de savoir qui perd, mais qui perd le plus. Et si la réponse était… les Rwandais eux-mêmes ?
