Le café burundais longtemps considéré comme un des produits qui génèrent des devises connait une série de problèmes. Pour redynamiser ce secteur, des nouvelles mesures ont été prises notamment la lutte contre la fraude et la mise en place de nouveaux organes
Dans une rencontre de vendredi le 03 mai 2024 à l’hôtel Ruhuka de Buye en province de Ngozi avec les intervenants de la filière café, le Président de la République du Burundi Evariste Ndayishimiye a annoncé la perte annuelle de plus de 40 millions d’USD en raison des magouilles qui se font dans ce secteur par les intervenants de la filière café, surtout en pointant du doigt sur l’office du développement du café (ODECA). « Il est incompréhensible que le café du Burundi soit vendu à 3,6 USD le kg alors que celui des autres pays de la région se vend entre 7 et 8 USD le kg », déplore le Chef de l’Etat.

C’est dans ce cadre qu’il a instruit à l’inspection générale de l’Etat (IGE) de mener une enquête sur les irrégularités qui s’observent à l’ODECA pour transmettre le dossier devant la justice. Le Président de la République du Burundi a demandé la mise en place des comités en charge de suivi de la filière café de la colline à la province et transmettre les rapports mensuels à la commission en charge de la filière café à la présidence de la République.
Il a recommandé aux responsables des usines de café d’élaborer la chaine de valeur de la filière café afin de résoudre les problèmes liés à la fraude, à la production et à des intrants. Evariste Ndayishimiye a invité les intervenants dans la filière café à contribuer à l’augmentation de la production du café et à négocier des bons marchés pour que les caféiculteurs retrouvent la plus-value.
Pour mettre en œuvre les recommandations du chef de l’Etat pour réformer le secteur de la filière café, le ministre en charge de l’agriculture Prosper Dodiko a animé un point de presse mercredi 15 mai 2024 où il a annoncé une série des mesures urgentes pour redynamiser ce secteur. C’est après la remise et la reprise entre les anciens dirigeants de l’ODECA et les nouveaux organes mis en place par le Chef de l’Etat pour essayer de rentabiliser cette filière.
« Désormais seules les stations et centres de transit qui ont l’aval de la commission de suivi de la campagne café et de l’équipe de suivi de la Présidence de la République du Burundi qui sont autorisés à collecter le café auprès des caféiculteurs. Tout autre acteur qui sera attrapé en train de collecter le café, sera considéré comme fraudeur et sanctionné conséquemment », informe le ministre Prosper Dodiko. Il a révélé que toutes les tentatives de tricherie qui pourront être opérées par les centres de transit ou toute tricherie seront considérées et sanctionnées comme une fraude. Ainsi, précise-t-il, la circulation du café pendant la nuit est prohibée. « La circulation du café n’est autorisée qu’entre 6h du matin et 18h du soir. Quiconque sera surpris transportant le café en dehors de ces heures sera considéré comme un fraudeur et sanctionné conformément à la loi ».
Après l’annonce de ces mesures, des campagnes de saisie des fraudeurs de café ont été opérées. Dans la nuit du lundi 20 mai 2024 en commune Makebuko de la province de Gitega, la commission chargée de l’exploitation du café et du thé en collaboration avec la police a saisi plus de 300 kg de café cerise en train d’être déplacés illégalement depuis un centre de transit non reconnu.
En date du 21 mai 2024 vers 18h sur la colline de Kavogero en commune et province de Kirundo, l’administration en collaboration avec la police a saisi plus de 2221 kg de café sec qui était enfui dans une chambre de la maison. C’est au moment où en date du 8 mai 2024 en commune Bugabira de la province Kirundo, l’administration et la police ont saisi plus de 835 kg de café sec.